Ecouter les galets

Le galet est un être parfait ! Il est l’aboutissement d’un long cheminement. Il semble être au sommet de son épanouissement lorsque nous le trouvons, nous savons pour autant que dans 1000 ans, sa perfection serait différente.

Un galet n’est jamais seul. Il n’existe qu’au milieu d’autres galets. Le courant de l’eau et les raclements des autres pierres l’ont façonné. Il est devenu lui-même parmi les autres. Et sans lui, les autres pierres ne seraient pas tout à fait ce qu’elles sont. Tellement semblable aux autres mais pourtant tellement unique.

La rencontre avec un galet c’est aussi le commencement d’une histoire. Lorsqu’on le trouve, c’est lui qui nous choisi ! Il sait se montrer à nous et sa forme particulière, sa douceur, son originalité, sa rondeur presque parfaite nous attire. Nous n’avons pas su résister à l’envie de le prendre. Mais pourquoi ? Peut-être parce que nous sentons qu’il a quelque chose de particulier à nous dire. Nous sentons qu’il s’est présenté sur notre chemin pour quelque chose de spécial, d’unique. Nous savons qu’une aventure nouvelle commence avec lui, sans savoir où elle nous mènera.

Je ne sais jamais si c’est leur perfection ou leurs imperfections qui m’attirent. Je crois qu’ils me ressemblent. Peut-être que je reconnais en eux une part de moi, que j’attends secrètement qu’ils me disent les choses que je ne sais pas encore de moi. Et finalement c’est bien ce qu’ils font.

Dans son imaginaire, l’être humain attribue une valeur particulière au galet en tant que symbole. Georges Romey nous l’explique de sa plume poétique :

« Un galet est l’œuvre d’un monde qui a déjà vécu… tout galet est un œuf pondu par la mer. … Le galet dans le rêve est chemin. Un chemin qui mène toujours vers un lieu primordial : le ventre maternel. La mer à laquelle renvoie l’image est le plus souvent une mer déchaînée, une mer violente, une mer dangereuse. Ce n’est pas l’océan tranquille qui a roulé les pierres jusqu’à les polir, mais les tempêtes renouvelées. L’œuf de pierre est le produit des colères de la mer ou des crues torrentielles. Les rêves de galets, s’ils renvoient au passé, parlent aussi de l’inexorable accomplissement de la vie. Les pierres polies d’un gué s’offrent chacune pour un pas nouveau. Un pas qu’il est impossible de ne pas faire, Mais qui enfonce un peu plus le rêveur dans le seul exil insupportable : celui qui l’éloigne du ventre maternel. »*

Cet « œuf de l’eau primordiale » devient le support de notre imagination. Il inspire par sa forme, par son énergie unique, par sa couleur, sa texture.

Un galet peut avoir une énergie particulièrement forte, par sa nature même, par son histoire ou parce qu’une personne vous l’a offert… Certains m’entraînent à les peindre, à pousser un peu plus loin la rêverie qu’ils créent en moi. Mon esprit se laisse alors toucher par celui de la pierre et la peinture que je dépose est un peu comme une danse qui aurait laissé sa trace.

Je me ressource et j’apaise mes tensions, je me retrouve en les peignant, en les regardant, en les ayant près de moi ces magnifiques pierres polies par l’eau et le temps, des objets vivants, qui savent faire le lien entre le monde réel et le monde du rêve. Entre le monde sensible et celui de l’âme.

 

*Georges Romey – Dictionnaire de la symbolique des rêves – Editions Albin Michel – 2005