L’enfant mémoire

Cacherions-nous dans les profondeurs de notre être, un personnage discret qui détiendrait la mémoire de toutes nos blessures, mais aussi de nos rêves les plus profonds ? Je suis persuadé de la présence en nous d’un « enfant mémoire » !

Nous grandissons tous plus ou moins tranquillement. Nous intégrons les innombrables transformations de notre corps et de notre esprit pour exister dans un présent qui nous donne parfois l’impression que nous avons toujours été tels que nous sommes. Et le temps d’une vie passe suffisamment lentement pour nous laisser croire à cette illusion. Notre conscience conserve de ce cheminement, tous les éléments nécessaires à une vie suffisamment bonne. Elle évolue en permanence et intègre de nouveaux concepts, de nouvelles manières de penser, de nouveaux savoir-faire. Tout le reste ; les trop grandes blessures, les images insupportables, les traumas répétés, les paroles blessantes, sont la plupart du temps refoulées mais ne disparaissent pas pour autant ! Ce mécanisme psychologique du refoulement est un moyen de défense bien connu. Il nourrit inlassablement notre inconscient.

Dans le cheminement que j’ai fait pour me comprendre et tenter de soigner mes blessures, J’ai remarqué qu’un personnage intérieur revenait régulièrement. Un enfant connu de moi seulement. Extrêmement discret et sensible, très souvent caché et solitaire. Sa venue coïncide toujours avec un épisode de changement important. La plupart du temps, après une période douloureuse, ma quête m’amène à le libérer d’une situation de laquelle il était depuis longtemps prisonnier. Sa libération me soulage intensément, comme si je venais soudain d’abandonner de lourdes défenses. Il est là, souriant, heureux de savoir que je le vois. Cet instant est toujours chargé d’une émotion très forte et je partage avec l’enfant le bonheur d’être libre et de sentir remonter les désirs et les rêves qui étaient restés piégés avec lui pendant toutes ces années. Il reste alors le temps nécessaire, à la lisière de la forêt pour être sûr d’avoir été bien compris et doucement, sans faire de bruit, repart dans mon oubli. Il représente le cœur pur et sensible que j’ai toujours eu mais duquel je m’éloigne encore bien trop souvent.

Lorsque j’accueille un nouveau patient, c’est toujours l’être adulte, l’homme ou la femme blessés, l’adolescent ou la jeune fille en manque de confiance, ou l’enfant guidé par ses parents que je reçois. Ils arrivent auprès de moi dans leur présent perturbé, avec leurs craintes et leurs espoirs. Ils arrivent toujours sans le savoir avec quelqu’un qu’ils ne voient pas, avec quelqu’un qui se cache derrière leur fauteuil, comme une ombre muette et attentive. J’écoute leurs mots, j’écoute leurs rêves, et nous parlons beaucoup, mais j’attends surtout bien patiemment l’instant où l’enfant mémoire acceptera de se montrer et viendra s’assoir sur les genoux de mon patient. C’est un long travail d’apprivoisement qui s’installe. Des liens se re-tissent entre le patient et son enfant mémoire, et lorsque le dialogue est installé, lorsque la connexion avec cette part fragile qu’il protégeait est rétablie, c’est un nouvel équilibre qui peut voir le jour. Le patient sait petit à petit reconnaître les blessures qui font réagir son enfant, il peut le rassurer, se rassurer, sans reproduire les réactions de défenses qu’il avait mis en place. Ce cheminement demande patience et tendresse envers soi-même, mais il vaut la peine ! Rencontrer son enfant mémoire, c’est affronter les peurs qu’il a éprouvé et les réflexes de survie qu’il a construits il y a longtemps. Mais c’est surtout libérer les rêves et la joie qu’il porte depuis toujours et qu’il ne demande qu’à nous transmettre.

La paix peut alors revenir plus souvent, et de cet équilibre qui trouve ses racines dans notre cœur profond, une force nouvelle s’installe pour nous aider à recevoir plus sereinement tous les évènements de la vie.

Le Rêve éveillé libre est un outil formidable pour favoriser cette rencontre. Il laisse à l’enfant mémoire toute la place et tout le temps nécessaire à son émergence. Les rêves des patients naissent sans aucune contrainte, ils sont le fruit totalement libre d’une expression personnelle et profondément intime. Le cadre de cette méthode inventée par Georges Romey, en garanti le meilleur accomplissement.